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Sécheresse intense : quels sont les risques et les stratégies de réponse ?

Publié le

Vagues de chaleur, sécheresses, pluies torrentielles, le changement climatique va intensifier le nombre d’épisodes climatiques extrêmes. L’année 2022 se caractérise par une sécheresse sans précédent… Quels sont les impacts de ces épisodes et comment en atténuer les conséquences ?

sécheresse

Sécheresse, canicule, évapotranspiration … les éléments d’un épisode extrême

Il existe plusieurs types de sécheresse :

  1. La sécheresse météorologique qui correspond à un déficit prolongé de précipitations.
  2. La sécheresse du sol, dite aussi sécheresse agricole, qui résulte d’un manque d’eau disponible dans le sol pour les plantes, ce qui impacte toute la production végétale, et indirectement la production animale.
  3. La sécheresse hydrologique qui correspond à un déficit de débit des cours d’eau, des niveaux bas des nappes ou des retenues, sur une période ou une année pendant laquelle les débits sont très inférieurs à la moyenne. Elle peut provoquer des assecs (absence d’écoulements) sur certains cours d’eau

    (INRAE : Qu’est-ce que la sécheresse ? )

La canicule se caractérise par des fortes températures cumulées le jour et la nuit avec plusieurs conséquences sur les milieux :

  • augmentation de la température de l’eau des rivières et des lacs ;
  • dégradation par brulure du système foliaire des plantes ;
  • augmentation de l’évapotranspiration.

L’évapotranspiration correspond à l’émission de vapeur d’eau dans l’atmosphère depuis les surfaces aquatiques, le sol et la surface des végétaux.

On distingue deux phénomènes naturels qui rejettent de l’eau dans l’atmosphère :

  • l’évaporation de l’eau du sol et des milieux aquatiques ;
  • la transpiration des plantes, un processus biologique et mécanique, par lequel les végétaux perdent de l’eau.
Chiffres clés Sécheresse 2022

Dans le Grand Sud-Ouest, la sécheresse de l’été 2022 a été caractérisée par :

  • Une succession de mois déficitaires en précipitations depuis janvier avec - 35% de pluie sur la période d’avril à septembre. . Un record sur le bassin depuis la création des relevés en 1960.
     
  • Une succession de mois chauds depuis février avec une série exceptionnelle de mai à octobre 2022 : + 2°C en moyenne sur la période de végétation (printemps, été, automne) (référence 1991 - 2020)
     
  • + 15 % d’évapotranspiration, une anomalie record (référence 1991 - 2020)

Les effets immédiats et à long terme de la sécheresse

Quand la quantité diminue, la qualité également… La sécheresse a des impacts sur la qualité des eaux. Elle crée un risque de pollution de la ressource car sa capacité de dilution des rejets est moindre. L’augmentation des températures favorisent également le développement des algues et des cyanobactéries…

Les impacts sur la faune, la flore et les écosystèmes aquatiques sont importants, entrainant notamment d’importantes mortalités ou des migrations chez certaines espèces.

En période de tension sur la quantité d’eau disponible, l’ensemble des usages de l’eau est impacté et des conflits peuvent naître.

  • Pour l’eau potable

    L’accès à l’eau potable peut être perturbé en période de grande sécheresse. Durant l’été 2022  plus d’une centaine de communes du bassin du Grand Sud-Ouest ont eu recours au citernage ou à l’interconnexion pour maintenir l’accès à l’eau potable de leurs administrés.

    La potabilisation de l’eau exige le respect de certains critères de qualité et de température de l’eau prélevée  qui peuvent être altérés en période de sécheresse. Certaines communes sont également concernées

  • Pour l’agriculture

    Le besoin en eau des plantes accru en période de sécheresse et la disponibilité de l’eau restreinte conduit à des baisses de rendement et des pertes pour le monde agricole. L’élevage peut également rencontrer des difficultés notamment pour l’abreuvement des animaux. 

  • Pour les activités économiques et industrielles

    Les activités économiques et industrielles qui dépendent de l’eau doivent adapter leurs niveaux de production lorsque des arrêtés de restriction sont pris. Certaines activités doivent s’arrêter lorsque la qualité et/ou la température de l’eau dépasse certains seuils …

    Le soutien d’étiage se fait en partie avec des réserves hydroélectriques créant des risques de tension sur la fourniture énergétique.

Sur le long terme, les impacts de la sécheresse sont nombreux. Elle peut notamment jouer un rôle, si rien n’est fait, de facteur aggravant du changement climatique.

Quest ce que

le soutien d'étiage ?

Lâchers d’eau issus de retenues pour maintenir un débit minimum d’eau dans les rivières afin de préserver la vie aquatique en période d’étiage (entre juin et fin octobre).
Il est mis en œuvre avec le soutien financier de l’agence de l’eau, par les établissements publics de bassin ou des organismes gestionnaires qui adaptent au mieux les quantités d’eau à déstocker jour après jour.

Crise « sécheresse », quelles réponses immédiates ?

Les épisodes de sécheresse donnent lieu à des mesures de gestion de crise. Une veille permanente est assurée par l’Etat afin de suivre l’état de la ressource en eau, faciliter les échanges et la concertation entre acteurs.

Il s’agit de préparer, coordonner et suivre les mesures adoptées pour répartir la ressource en eau entre usages. Elles sont de deux grands ordres :

  • Les restrictions de prélèvements ou d’activités et les éventuelles dérogations relèvent des compétences du Préfet de bassin. Elles sont proportionnées, adaptées et évoluent en fonction de l’état de la ressource en eau. Des dérogations pour certaines activités économiques ou cultures peuvent être prévues.
     
  • L’adaptation des consignes du soutien d’étiage en durée et en volume en relation avec les organismes gestionnaires

+ de 100 communes du bassin en difficulté d'accès à l'eau potable durant l' été 2022

25 départements du bassin (sur 25) soumis à des restrictions d'usages en août 2022

57,2 M de m3 d'eau lachés lors de la campagne de soutien d'étiage 2022 sur la Garonne

Sécheresse : des actions de long terme et stratégies d’adaptation

Le plan d’adaptation au changement climatique (PACC), l’entente pour l’eau du bassin Adour-Garonne, le plan stratégique de retour à l’équilibre et le SDAGE prévoient un mix de solutions à promouvoir sur le long terme pour préparer les épisodes à venir.

Les mesures sont de trois ordres :

  • Les mesures immatérielles qui vont permettre la prise de conscience de la nécessité d’agir et de modifier les  pratiques (sobriété), promouvoir la recherche et la connaissance, faciliter une gouvernance locale et toujours plus intégrée des enjeux de l’eau. Favoriser les démarches co-construites avec les acteurs du territoire.
     
  • Le recours aux solutions fondées sur la nature telles que la désimperméabilisation et la renaturation des villes, la restauration des cours d’eau et des zones humides, le développement de l’agroécologie
     
  • Des mesures techniques ou des ouvrages hydrauliques comme l’amélioration des performances du réseau d’eau potable, le soutien d’étiage, le recyclage des eaux usées traitées, la mobilisation des volumes non utilisées dans les retenues existantes, la recharge dynamique des nappes, la création de réserves d’eau …

Ces actions pourront être combinées en fonction des besoins et spécificités du territoire, dans une optique de complémentarité et afin d’être mieux préparés aux changements à venir.

Quelques exemples de solutions sur le territoire

  • Les actions de sensibilisation / éducation à l'eau

    Les actions d’éducation à l’environnement et au développement durable contribuent à développer notre sensibilisation aux enjeux de l’eau et doivent conduire à faire évoluer nos pratiques. Il n’y aura pas de capacités à faire face au changement climatique sans évolution de notre gestion de la ressource en eau, il n’y aura pas non plus d’évolution de la gestion de la ressource en eau sans prise de conscience collective des raisons à le faire.

    Depuis plusieurs années, l’agence de l’eau, sous l’impulsion de ses instances, développe une politique d’éducation à l’eau structurée à destination des jeunes.

    En 2021, au regard des enjeux à venir liés à la préservation de l’eau, le comité de bassin a décidé d’élargir la cible de ces programmes à tous les publics.
    Permettre la sensibilisation du plus grand nombre, c’est notamment l’objet de l’appel à projet EDUC’Eau lancé en juillet dernier.

    Aujourd’hui, plus de 60 000 personnes (dont une majorité de jeunes), sont éduquées et sensibilisées quant aux problématiques liées à la ressource en eau. L’Agence s’est fixée désormais, comme objectif, de doubler à minima ce nombre d’ici 2 ans.

« Sensibiliser les jeunes à l'école »

  • L'exemple du lac vert d’Agos-Vidalos : un projet de renaturation innovant et ambitieux !

    Détruit lors de la crue de juin 2013, le complexe aquatique de plein air a trouvé une nouvelle forme !

    Le projet de renaturation a transformé cette base de loisirs de 8,7 hectares en outil de lutte contre les crues : une fois les installations démantelées, une brèche dans la digue permet au gave de Pau de s’y étendre lors de montées des eaux et une zone-humide a été créée.

    Une opération exemplaire menée en partenariat avec la fondation des pêcheurs.

    Plus de liberté pour la rivière et les espèces qui en dépendent, telles la loutre ou le saumon de l’Atlantique!

  • L'exemple de Felix Noblia qui pratique l'agroécologie

    Dans l'agroécologie, chaque geste compte !

    Nous vous invitons à la rencontre de Félix Noblia sur son exploitation du pays basque !

    Les vaches ne mangent que l'herbe de ses prairies

    Pas de labour, entre les récoltes du trèfle et de la luzerne pour une terre couverte et nourrie

    Des sols épais et enrichis stockent l'eau et permettent une baisse du besoin d'irrigation d'environ 20%

« [À LA SOURCE] Qu'est-ce que l'agroécologie »

  • Des exemples de Réutilisation des Eaux Usées Traitées ou eaux non conventionnelles

    3 exemples :

    • à Foissac dans l'Aveyron récupération des eaux de pluie pour l'abreuvement du bétail permettant de limiter les conflits d'usages avec l'eau potable
    • à Rochefort les eaux usées permettent d'alimenter les lagunes et préserver la biodiversité
    • dans les Landes, à l'abattoir du Raguet les eaux usées traitées permettent d'irriguer une parcelle à proximité

« Réutilisation des eaux : exemples dans le grand Sud-Ouest »

Pour aller plus loin

Le projet TASCII - Transition Agro-écologique des Systèmes de Cultures Irrigués Innovant -

Soutenu par l’Agence de l’Eau Adour Garonne et la Région Occitanie, ce projet vise à mettre en pratique les méthodes d’agroécologie sur les grandes cultures irriguées, représentatives de l’agriculture du Sud Ouest, par une collaboration complémentaire entre approches scientifiques et expérience de terrain.

Pour en savoir plus : https://www.cacg.fr/2020/09/22/premieres-rencontres-tascii/